Vous explorez un bâtiment abandonné et vous vous demandez depuis quand il est laissé à l’abandon ? La plupart des explorateurs urbains se contentent de suppositions, mais les vrais urbexeurs savent décrypter les indices temporels cachés. Après des années d’exploration documentées sur Urbexeur, voici les techniques de datation que j’utilise pour reconstituer l’histoire des lieux oubliés.
Les marqueurs temporels invisibles aux débutants
Les plaques d’immatriculation : la mine d’or oubliée
Dans les parkings souterrains ou les garages abandonnés, cherchez les vieilles plaques d’immatriculation au sol. Leur format révèle instantanément l’époque : plaques noires avant 1950, format 123 AB 12 de 1950 à 2009, format actuel depuis. Une plaque « W » indique souvent un abandon entre 1994 et 2009.
L’astuce des pros : les autocollants de contrôle technique collée sur les vitres. La couleur change chaque année, créant un calendrier visuel précis de l’abandon.
Les journaux et magazines : datation au jour près
Ne négligez jamais les vieux journaux qui traînent. Même détrempés, la date reste généralement visible. Mais attention au piège : un journal de 1985 ne signifie pas forcément un abandon en 1985. Regardez l’état de dégradation et croisez avec d’autres indices.
Les magazines professionnels dans les bureaux sont encore plus fiables. Ils arrivent par abonnement et s’arrêtent net à la fermeture de l’entreprise.
L’archéologie des objets du quotidien

Les emballages : témoins silencieux du temps
Les codes-barres évoluent constamment. Avant 1975, ils n’existaient pas. Les emballages en français uniquement datent d’avant les années 90 (obligation européenne multilingue après).
Dans les cuisines abandonnées, les dates de péremption sur les conserves donnent une fourchette précise. Ajoutez 2-3 ans à la date limite : peu de gens gardent des conserves périmées longtemps avant de partir.
La technologie oubliée : votre machine à remonter le temps
Un téléphone à cadran ? Abandon probable avant 1990. Des prises téléphoniques en T (gigognes) ? Entre 1970 et 1995. Les prises RJ45 et câbles réseau trahissent un abandon post-2000.
Les télévisions cathodiques donnent des indices précis : tubes noir et blanc (avant 1980), télécommandes infrarouges (post-1982), prises péritel (1980-2010).
Les traces architecturales qui ne mentent pas
L’évolution des matériaux de construction
Le fibrociment (amiante) massivement utilisé entre 1950 et 1980, date précisément certaines constructions. Les dalles de moquette collées directement au sol ? Typique des années 70-80.
Regardez les interrupteurs et prises électriques : ronds et en bakélite (avant 1960), carrés blancs (1960-1990), design moderne après. Les prises avec terre obligatoires datent de 1991.
Les systèmes de chauffage révélateurs
Radiateurs en fonte avec réglages manuels ? Années 50-70. Convecteurs électriques, grille-pain ? Années 80. Robinets thermostatiques ? Post-1990. Les chaudières murales gaz se démocratisent vraiment après 1985.
Les indices extérieurs négligés
La végétation : un calendrier naturel
Un arbre de 20 cm de diamètre met environ 15-20 ans à pousser selon l’essence. S’il traverse une clôture ou pousse contre un mur, calculez l’âge d’abandon approximatif.
Les ronces et les lierres colonisent différemment : ronces dès la 2ᵉ année, lierre après 5-10 ans pour réellement s’installer. Une façade entièrement recouverte indique au minimum 10 ans d’abandon.
L’usure des matériaux extérieurs
Les graffitis stratifiés racontent l’histoire. Les tags récents masquent les anciens. Cherchez la couche la plus profonde visible pour dater le début de l’abandon.
L’état des gouttières et des évacuations révèle la durée : bouchées par les feuilles (2-3 ans), végétation qui pousse dedans (5+ ans), métal complètement rongé (10+ ans).
Les erreurs de datation classiques à éviter
Le piège des rénovations partielles
Une cuisine moderne dans un bâtiment ancien ne date pas l’abandon, mais la dernière rénovation. Croisez avec l’état général et les autres pièces pour éviter les conclusions hâtives.
Les squats et occupations temporaires
Des matelas récents ou des déchets frais ne signifient pas que le bâtiment est habité. Beaucoup de lieux sont squattés temporairement puis re-abandonnés. L’état des équipements (eau, électricité) révèle le véritable statut.
La méthode de recoupement infaillible
Technique des trois concordances
Ne vous fiez jamais à un seul indice. Cherchez trois éléments différents qui pointent vers la même période :
- Un indice technologique (téléphone, TV)
- Un indice administratif (factures, courrier)
- Un indice matériel (emballages, vêtements)
Le carnet de l’urbexeur méthodique
Notez systématiquement :
- Date et lieu de votre exploration
- Indices temporels trouvés avec photos
- État de dégradation général
- Hypothèses de datation avec degré de certitude
Cette méthode vous permettra de reconstituer l’histoire complète des lieux et d’éviter les approximations hasardeuses.
Les cas particuliers qui piègent
Les abandons progressifs
Certains lieux sont abandonnés par étapes : d’abord une aile, puis progressivement tout l’ensemble. Les indices temporels varient alors selon les zones. Cartographiez mentalement ces différences.
Les faux abandons
Quelques propriétaires laissent volontairement leurs biens se dégrader pour décourager les squats ou faciliter des démolitions. Ces pseudo-abandons présentent souvent des incohérences dans la datation.
Avec ces techniques, vous passerez du statut d’explorateur occasionnel à celui d’archéologue urbain. Chaque lieu abandonné devient alors un livre d’histoire à ciel ouvert, et vos explorations gagnent une dimension historique passionnante qui enrichit l’expérience bien au-delà de la simple découverte esthétique.
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